Les ORIGINES de
L’ASSOCIATION
« Le Chêne de Flagey », placé au cœur de la collection permanente du Musée d’Ornans, compte parmi les œuvres majeures de Gustave COURBET. Aussi ce tableau, dès son acquisition en 2013, est-il devenu l’emblème du Musée. Il éclaire, de façon privilégiée et symbolique, le sens même du projet culturel déployé ici de donner à voir la relation de Gustave COURBET avec son Pays. Courbet ne se réduit pas à cette relation : mais il ne saurait se comprendre sans référence à lui.
Gustave Courbet, Le Chêne de Flagey dit aussi Chêne de Vercingétorix, 1864, Huile sur toile, 89×111,5 cm, Ornans Musée Gustave Courbet
(© Musée départemental Gustave Courbet / Photo : Pierre Guenat)
En 2011, la Fondation japonaise d’Art privée « MURAUCHI », installée à TOKYO met en vente une importante collection de tableaux de peinture française du XIXe et XXe siècle. Au centre de cette collection : « le chêne de Flagey ». Le Conseil Général du Doubs, à l’époque, par son Président, le Sénateur Claude JEANNEROT négocie avec le propriétaire japonais qui accepte de céder le tableau, le dissociant ainsi de l’ensemble de la collection au prix de 4 Millions d’Euros. Le Président du Département engage la collectivité dans une ambitieuse opération de Mécénat et de souscription publique : Au-delà de toute espérance, 40 entreprises mécènes accompagnés de 1500 donateurs particuliers vont permettre que le « Chêne de Flagey », tableau classé par l’Etat au rang des œuvres patrimoniales majeures, soit de retour à Ornans et accroché dans le musée le 9 Mai 2013.
Ainsi Courbet a- t-il réussi à susciter un vaste élan populaire et économique. Cette souscription est un succès sans précédent dans le monde culturel ! Mais ce succès crée une responsabilité à l’égard des donateurs. Pour les fédérer dans la durée, le Président Claude Jeannerot, lance l’idée d’une association au service du développement du Pôle Gustave Courbet.
« Le Chêne de Flagey » est aussi la signature de notre Association des Amis du Musée Gustave Courbet, sa reproduction est présente sur tous nos documents de communication.
C’est ainsi que l’association Les Amis du Musée Gustave Courbet (AMGC) est créée en mars 2013.
Discours de Claude JEANNEROT pour l’accrochage du Chêne de Flagey du 9 mars 2013
« 9 Mars 2013 – Le Musée COURBET d’Ornans accueille « Le Chêne de Flagey »
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Ce fut une très belle histoire.
Et elle trouve son épilogue à l’instant même devant vous : Tous, vous en avez été les différents acteurs …
Permettez-moi de vous la conter à nouveau.
Tout a commencé à la fin du IXème siècle… Gustave Courbet…va mourir en exil au bord du Lac Léman à quelques kilomètres de son Pays… Cette vallée de la Loue : il la peint de mémoire – ces gens d’ici, il les peint par cœur – c’est dans tous les sens de l’expression qu’il faut la comprendre…
Depuis cette date funeste du 31 décembre 1877, Juliette Courbet, sa sœur, poursuit un rêve : Dédier à Ornans un musée à son frère. Ce musée elle en a imaginé le parcours… Quelles œuvres retenir ?
Elle se donne un critère : retenir les œuvres les plus caractéristiques de la vie de son frère…
Au 1er rang de celles-ci, elle place le Chêne de Flagey… On pressent vivement les raisons de son choix…Flagey… c’est son village. Flagey, c’est sa famille… Flagey c’est son Pays … Et Son Pays, c’est son identité, c’est sa définition.
Ce tableau, c’est Flagey… mais c’est d’abord celui d’un chêne puissant, magnifique, sortant du cadre tant il déborde littéralement de vie… Ce chêne, c’est une évidence, c’est Courbet lui-même, fortement enraciné dans son pays…
Si fortement qu’il est devenu indéracinable donc indissociable de son pays. Le déraciner, ce serait le tuer…
Et puis, c’est un tableau dont la dimension politique n’échappe pas aux gens d’ici : Pendant longtemps rebelles au pouvoir central, ils savent que ce « chêne dit de Vercingétorix » représente la résistance face à César, la Province face à Paris, Courbet face à Napoléon III…
Pour toutes ces raisons, le chêne de Flagey avait vocation, Juliette l’avait pressenti, à l’enraciner à Ornans… Le sort en a décidé autrement, la suite vous la connaissez…
Le rêve de musée à Ornans s’est provisoirement évanoui…
Dans les années 1890, le chêne de Flagey a quitté Ornans…, a quitté la France pour les Etats-Unis et le Japon…
Et voilà qu’aujourd’hui, plus de 125 ans après, grâce à vous, il revient définitivement dans son pays à Ornans …
Nous avions une ambition avec ce musée dédié à Courbet …
Permettre à Courbet de rayonner à partir de son Pays… Rencontrer Courbet au musée d’Orsay est une expérience inoubliable, rencontrer Courbet ici dans ce dialogue intime avec son Pays est une expérience inédite.
Le chêne de Flagey va devenir l’emblème de la collection permanente de ce musée…
A partir d’Ornans, il portera haut et loin l’image du maître des lieux…il fera rayonner notre territoire. Telle est cette belle histoire…
Mais cette histoire, c’est vous qui l’avez écrite, c’est vous qui l’avez permise. Au nom du Doubs, je vous remercie.
Sans le vendeur Monsieur MURAUCHI, représenté par Monsieur DOMEN, Monsieur Murauchi n’est pas seulement un amateur d’art éclairé… mais il a compris ce que représente cette œuvre pour la France… en témoigne cette coupelle toujours présente sur son bureau et qui contient de la terre de Flagey. Il comprend le lien intime qui existe entre le peintre, l’œuvre et son Pays.
Rien n’aurait été possible sans le rôle décisif et déterminant de l’Etat. Cet Etat, il a plusieurs visages, il est polymorphe, il est multiforme.
Mais il y a un acteur dont le soutien a été immédiat, indéfectible et constant, c’est celui de Madame Labourdette, la Directrice en charge des Musées de France.
Face à notre engagement, tous les services de l’Etat nous ont aidés. Je veux citer la Direction Régionale des Affaires Culturelles, l’équipe de la Direction du Patrimoine, le Département des Acquisitions de la réunion des Musées de France, la mission du mécénat au Ministère de la Culture et les services du Ministère des Finances. Je n’oublie pas non plus Monsieur Christian MASSET, Ambassadeur de France à Tokyo et toute son équipe qui ont su nous accompagner.
Je leur dis ici toute ma reconnaissance.
A ces remerciements à l’Etat, je veux associer l’ensemble des collectivités…Depuis les communes de petite taille qui a due proportion de leurs moyens ont souhaité être de l’aventure (je pense à Flagey), jusqu’au Conseil régional qui tout de suite en la personne de sa Présidente a compris l’enjeu pour la Région toute entière.
Rien n’aurait été possible sans vous les chefs d’entreprises mécènes. Il faut rappeler une évidence arithmétique, l’essentiel du financement, c’est vous.
Certes, les conditions avantageuses de classement de l’œuvre permises par le ministère éclairent une partie de votre mobilisation. Mais l’essentiel est ailleurs : vous avez voulu montrer dans la hauteur de votre engagement l’importance que vous attachez au lien qui vous unit au territoire. L’entreprise n’est jamais hors sol.
Vous ici, vous partagez en commun la passion de notre région… Et tous, vous savez que tout ce qui peut élever notre territoire est bon pour l’entreprise et inversement.
Vous croyez à la force économique de la culture…
Ce partenariat nous ne voulons pas le réduire à un épisode, nous voulons l’inscrire dans la durée, avec vous, au service de l’avenir économique de notre territoire.
Mais je suis touché enfin par l’engagement des donateurs privés (ils ont été plus de 1500) à répondre à mon appel. Ils ont su créer les conditions d’un élan et d’un enthousiasme qui ont compté dans le succès.
Dans l’incapacité de les recevoir tous ce matin au musée, je les accueillerai par groupe de 100 jusqu’à demain midi. Nous leur devons ce merci…
Dans les jours qui viennent, fédérés par l’académicien Jean-Luc Marion, ils s’organiseront pour constituer l’association des Amis du Musée d’Ornans. Cet élan plus rien ne l’arrêtera.
En début de propos, je vous annonçais une belle histoire dont l’épilogue s’écrivait aujourd’hui…
N’est-il pas plus juste de dire que d’une certaine manière, tout commence aujourd’hui : cette belle histoire nous rappelle l’importance de l’art dans notre vie individuelle et collective. Mais elle crée surtout avec vous tous et grâce à vous tous, les conditions du développement et du rayonnement à venir autour de Gustave Courbet.
Claude JEANNEROT
Président du Conseil général
Sénateur du Doubs